EDITORIAL
On the coming Presidential Elections in the USA
I n 50 years of living in Paris and loving it, my trips “home” to the fabulous city of my birth, New York City, and more particularly Harlem, have always given me an energy transfusion. In the past, I have felt that “Big Apple Beat” as soon as I get off the plane. I have loved catching up - with the latest shows on broadway, in the museums and everywhere because street performers abound in Manhattan. I have enjoyed the fusion food blending Chinese with Kosher, French with Cajun, Japanese with African American soul food and the magnificence of the people from every possible ethnic group in the world, proudly and rapidly navigating through the city they love and in certain places transgressing the “divide to conquer” communautarism and moving towards the Créolisation so dear to Glissant and Chamoiseau as expressed in their pamphlet L’Intraitable Beauté du Monde [1].
This time was different. I came home to a level of hysteria similar to that of McCarthyism and the 50s – it reminded me of what I had lived through as a child and made me feel very uncomfortable. I realized that Barack Obama was not running against the Republican Party as loyal opponents in a democratic process. I realized that he was fighting for the survival of what some believe still exists, a bi-partisan American democracy. His opponents, the people who have taken power within the Republican Party, are seen by some of us as the new American Ayatollahs [2]. They do not believe in debate. They believe in a God of wrath and punishment for all those who disagree with them, for to disagree is to commit heresy and those who do should be destroyed.
I remember my father, magnificent civil rights activist and métisse Iroquois, Irish and African – American saying that the only solution was “universal beige”. By that, which he always said laughingly, he did not mean a literal mix of beige color. He meant Créolisation as with Glissant and Chamoiseau and other children “up from the Abyss”, a Tout-Monde Créole representative of the best in all peoples.
Obama has disappointed many. Yet I can only hope that his second term will hold back the tide of plutocracy threatening the very existence of American people with the Mitt Romneys of this world’ [3].
If it is true that we cry for the loss of Edouard Glissant [4] who is now in the creolized country in the sky of Tout-Monde, he leaves us, and Patrick Chamoiseau [5] is still here with us to take up the torch of an immense, overwhelmingly beautiful and deep work.
As Mr. Obama prepares to debate with Mr. Romney on October 3rd, October 16th and October 22nd, like Messrs. Glissant and Chamoiseau in their letter to him when he was elected in 2009, I too wish him luck in Relation [6].
ÉDITORIAL
À propos des élections présidentielles à venir aux États-Unis
E n 50 ans de vie à Paris, et j’aime ça, mes voyages à « la maison » dans la ville fabuleuse de ma naissance, New York City, et plus particulièrement Harlem, m’ont toujours donné une transfusion d’énergie. Dans le passé, dès que je descendais de l’avion pour aller retrouver ma famille, je sentais le « battement de la Grande Pomme ». J’aimais rattraper les derniers spectacles à Broadway, les derniers événements dans les musées et partout ailleurs, car les artistes de rue abondent dans Manhattan. J’appréciais la fusion des mélanges de la cuisine chinoise avec la cuisine casher, de la cuisine française avec la cuisine Cajun, de la nourriture japonaise avec l’esprit de la nourriture afro-américaine, et la magnificence des personnes de tous les groupes ethniques possibles du monde. Et avec fierté j’aimais naviguer toute voile dehors à travers la ville que ces gens aimaient, transgressant dans certains endroits le communautarisme du « diviser pour régner » afin d’aller vers la créolisation chère à Glissant et à Chamoiseau, telle qu’exprimée dans leur essai à l’adresse d’Obama, L’intraitable Beauté du Monde.
Cette fois-ci, ce fut différent. J’ai retrouvé mon chez moi à un niveau d’hystérie similaire à celui du maccarthysme et des années 50 — cela me rappelait ce que j’avais vécu étant enfant et me mit très mal à l’aise. J’ai réalisé que Barack Obama n’était pas en marche contre le Parti républicain comme s’agissant d’opposants loyaux dans un processus démocratique. J’ai réalisé qu’il se battait d’abord pour la survie de ce que certains croient qu’il existe encore, une démocratie américaine bipartite. Ses adversaires, ceux qui ont pris le pouvoir au sein du Parti républicain, sont considérés par certains d’entre nous comme des nouveaux Ayatollahs, américains [7]. Ils ne croient pas dans le débat. Ils croient en un Dieu de colère et de peine pour tous ceux qui sont en désaccord avec eux, c’est-à-dire qu’être en désaccord, c’est commettre l’hérésie, et ceux qui la commettent doivent être détruits.
Je me souviens de mon père, métisse afro-américain, irlandais, et iroquois, magnifique militant des droits civiques, disant que la seule solution était « le beige universel ». En cela, qu’il disait toujours en riant, il ne parlait pas littéralement du beige comme le résultat d’un mélange de couleurs. Il voulait dire la créolisation, de Glissant et de Chamoiseau et des autres enfants « remontant du gouffre » [8], le créole du Tout-Monde, représentant du meilleur de tous les peuples.
Obama a beaucoup déçu. Pourtant, je ne peux faire autrement qu’espérer un second mandat pour retenir la marée ploutocrate qui menace l’existence même du peuple américain, avec les Mitt Romneys de ce nouveau monde [9].
S’il est vrai que nous pleurons le départ récent d’Édouard Glissant [10] vers un pays créolisé à jamais dans le ciel de Tout-Monde [11], il nous laisse, et Patrick Chamoiseau est là encore avec nous pour reprendre le flambeau, une œuvre immense, bouleversante de beauté et de profondeur.
Alors que M. Obama se prépare à débattre avec M. Romney les 3, 16 et 22 octobre, à l’instar de MM Glissant et Chamoiseau dans leur lettre à son adresse, lorsqu’il fut élu en 2009, je lui souhaite moi aussi « bonne chance en Relation » [12].
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