Se partager
Pour partager, il faut partitionner. Toutes les activités d’Aaron n’étaient pas à égalité de gratuité. Il y avait une partition : certaines plus fabuleuses que d’autres. Mais là où il y a hétérogénéité, il n’y a pas d’expiation possible. C’est parce que son cumul était plus libre que rationnel qu’il devait payer et qu’il ne pouvait pas. À force de ne pas confondre. Au contraire, on en connaît tous qui font bien la distinction : qui vont au travail, qui font du code en cours du soir et du hacking en loisir créatif. Mais comme il savait que la partition horaire parfaite est condamnée, il fallait qu’il confonde beaucoup mieux les plans. Ce qui n’a donc rien à voir avec ceux qui ont beau dire ce qu’ils veulent et qui, par conséquent, font des sorties rationnelles (spectacles, tourisme chamanique, poèmes pour dînette et autres reliquats de success story mimétisants grands destins avec calculs vibratiles sur les tourments des transparences cumulables pas complètement…). D’où l’équation inédite : les cerveaux mis en réseau sont en dépendances et de plus en plus déficitaires et polyvalents pour expier quoique ce soit. Alors qu’Aaron pouvait encore espérer. S’il fallait, 100 ans après 1913 (c’est-à-dire l’invention des mots croisés, en même temps que les rayons X, le compteur Geyser et Le Sacre du Printemps), thématiser le Big Data comme une agitation de l’humanité : en est-on à trancher le destin mondial au moment où l’état de la connaissance doit accuser un degré d’accumulation qui rend irréversible le simultanéisme, la fin de la synesthésie (ou artificielle…). La mort d’Aaron Swartz force la rhétorique de la crise d’imaginaire social à disploter son épopée. Le sentiment de quelque chose qui commence, qu’en plus de la beauté nouvelle de la péremption des émotions back up, on pourrait perdre les données les plus précieuses et, bien plus gravement, la capacité de saisir les outils pour acquérir les données nécessaires. Désormais, sont nécessaires toutes les données qui nous auront été cachées... Dans la mesure où les moins importantes ne seront significatives à la seule condition d’être manipulable par paquets petits et grands. = Un maximum d’hétérogénéité pour un minimum de jeu, quand on tape « pile » ou « casse ». → D’où les requalifications : un moteur de recherche, c’est une machine à déplier des polysémies dans la requête. Maintenant, une recherche, ça fait même question de traversée bouleversante des données. Là-dessus, les enjeux outillés par Aaron l’étaient au stade infra-bêta : ne pas prolonger l’attente, sortir du XXè siècle, passer d’une information à l’autre, apprendre des comptes rendus de police et arriver à se réjouir d’apprendre des informations de la faute du passe-passe. Si la collusion d’événements anecdotiques impalpables a de quoi déconcerter jusqu’à tout dire de la part que l’invention du RSS peut prendre à l’accélération du Big Data, comme un impératif dans l’air de valoriser une vision renouvelée du temps, le RSS : l’info qui vient, n’est plus question d’inquiétude ou d’échelle individuelle, qui veut bien vouloir que la suite soit inattendue avec tout ce qu’on sait déjà ? Le flux est tel, n’est plus affaire de chercher perle parmi les débiteurs. D’autant que la variabilité interindividuelle n’est plus ce qu’elle était. Et ce qui est particulièrement notable dans les domaines où on faisait en sorte qu’elle soit très importante sous des aspects variés et intéressants (cf. le mimétisme pour comble du bonheur bobo). Le présent y trouvant son intensité nouvelle, on ne saura pas mieux à quoi rêvent les jeunes gens que la description est d’office saturée par le programme. Il n’y avait pas en soi de quoi y arriver. Mais il faisait au mieux comme personne.
* Si le tweet qui apparaît dans la fenêtre d’envoi est trop long, (le nombre de signes en excès apparaissant dessous, précédé de : "-") le raccourcir avant de l’envoyer, en prenant soin de ne pas supprimer le lien même de l’article.