Cet élan de jeunesse qui était le mien n’était qu’un départ aveugle, comme il se doit. Aveugle parce que je n’avais pas porté mon regard assez loin. Un élan que je résumais à une expression simple, tranchée au couteau : « si à trente ans je ne connais pas la réussite, ma vie sera un échec. »
Aujourd’hui à cinquante ans le sens de la réussite tel que je l’exprimais autrefois m’apparaît très flou comme ces premiers regards sur la vie, davantage impressionné que j’étais par les formes, les mouvements, les couleurs — ce qui est éclatant — que par la profondeur et le sens. Tout ce que j’avais conçu de la vie n’était que surface, fine comme cette glace qui se forme au début de l’hiver mais encore trop mince pour supporter quoi que ce soit. Et j’ai sombré, par ignorance.
Était-il question d’attendre trente ans avant que je puisse refaire surface ? On me propose que ce furent trente années de gestation, protégée par une lourde et impénétrable coquille afin de ne pas agiter ou distraire le délicat processus intérieur. Je ne sais pas. Permanence du mystère qu’il ne vaut pas la peine de percer, beauté de ce qui est à l’ombre. Il me vient souvent à l’esprit que ces années ont été gaspillées. Je lutte constamment contre cette impression d’inutilité du passé perdu, de l’impalpable présent et d’un futur trop lourd à construire. Je me laisse simplement emporter par le courant. J’arriverai bien un moment donné à quelque rivage agréable ou finirai-je noyé dans quelque tourbillon inattendu ? À chaque seconde, à répétition, je me retrouve devant deux options, constamment à la croisée des chemins. Clair. Obscur.
Je me le répète en silence « clair, obscur ». J’entends constamment le dialogue déchiré entre ces deux pôles. Je ne vise pas l’équilibre : c’est un art qui me dépasse. L’eau scintillante sous les reflets du soleil ne laisse pas voir le fond. La surface doucement ondoyante cache les remous et les monstres qui guettent là où la lumière n’ose plonger.
Obscur. Dans tout ce que j’entends, dans tout ce que je lis, il y a ce double dialogue. En premier, ce qui se dit pour occuper l’espace, le temps. Ensuite, en-dessous, murmures inconscients, trame commune où tout se connecte et où il y a ce souhait partagé. Un désir sourd de la catastrophe. Un appel à quelque chose de grave, comme une chance d’échapper à un quotidien automatique, le souhait inavouable d’une grande aventure libératrice, qu’elle nous force tous à abandonner nos petits tracas, à fuir, à combattre sans chercher à vaincre. Détruire le quotidien, la servitude du travail, l’ennui des obligations de toutes sortes. Effacer toute possibilité de conséquence puisque tout sera sans lendemain. Partir à l’aventure sans rendre de comptes à personne. Liberté terminus.
Ce désir est sombre et inexplicable. Il est vertige. Nous ne savons plus comment échapper à la vie de synthèse, cette appartenance étouffante à un système qui est un paradoxe : ce dont on croit pouvoir en tirer : du bien, mais en revanche ou à titre de prix à payer (qui sait exactement) nous empoisonne.
Clair. Nous sommes tous à nous vendre mutuellement cette notion d’être si bons, si plein des meilleures intentions, si enclins à adhérer à toutes les vertus. Un théâtre de façades, de vitrines bien rangées. Se choisir un côté gagnant à tout prix, se parer des plus beaux atours de la probité, se mettre en position de « pouvoir pointer du doigt », de forcer à ce que soit « autre » l’expression du mal. Nous avons appris à composer des automatismes pour répondre aux criants désirs d’appartenance, d’estime et d’accomplissement. Se hisser au-dessus de la mêlée, comme ce lent combat tranquille des plantes en forêt où chacune tente de trouver son petit rai de lumière. Mais pour nous, les humains, ce combat est en accéléré et est très violent.
Clair et obscur, malgré soi. Peu importe le camp que l’on choisisse, on demeurera toujours à la fois du bon et du mauvais côté, malgré soi, question de perspective : la sienne, celle des autres. L’ensemble (imaginez-le bien aussi vaste et universel que vous le pouvez) requiert ces tensions entre les opposés pour que puisse naître force, mouvement et équilibre. Nous ne sommes pas impartiaux, ce qui nous rendrait statiques et sans vie. Nous ne sommes pas complets : nous ne pouvons embrasser d’un seul coup d’œil toute la gamme qui s’étend de notre plus clair à notre plus obscur. Nous n’atteindrons jamais individuellement ou collectivement les idéaux réconfortants que nous imaginons. Le clair ne se définit que si, tout près, rôde l’obscur.
Continuité. Je cherche à ne plus exister par rapport à cette dualité bien-mal. Je préfère louvoyer d’un à l’autre, conscient de mon inconstance et du malaise que cela puisse causer. Je fais mienne l’idée que le bien puisse parfois causer du mal et, inversement, que du mal puisse résulter quelque chose de bien. Avouer se réclamer et du bien et du mal, offrir à tous cette position imprécise me place dans des situations où je deviens un irritant pour les autres. Retourner dans un conformisme qui s’établit à force de non-dits, de formules marketing et d’appreciations superficielles... et en être profondément malheureux, — ou exister, libre dans ma mouvance entre les pôles, demeurer insaisissable, incompréhensible, isolé.
La question s’impose à moi plus souvent que je ne le désirerais. Interrogations lassantes qui, subtilement, me font lentement progresser, en fait pour garder la réflexion en mouvement, je suis changeant comme ces cieux incertains d’entre deux saisons.
Pour une question d’orthographe, je consulte Internet. Je peux ainsi écrire avec pleine assurance la maxime « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît », qu’on place sous le thème de l’éthique de réciprocité et qui s’est déclinée en de nombreuses variantes à travers les âges et les cultures. J’en simplifie la compréhension et la situe comme une définition du bien dans l’action, une règle morale facile à suivre, question guide avant de poser quelque geste que ce soit. Pourtant sa simplicité et son évidence n’en font pas une règle appliquée systématiquement. Je crois même, au contraire, qu’elle est évitée dans la plupart des cas, en référence à ces automatismes que j’ai évoqués précédemment. Et pour en justifier son omission, que de discours, que de débats j’ai pu être témoin ! Je crois que la plupart de nos décisions et nos actions prennent leur essor à partir de pulsions sourdes et mal comprises, et ce n’est qu’ensuite que l’on échafaude théories et explications pour se justifier en toute logique. Personne n’est pourtant dupe. Le décalage entre les pulsions, les intentions et les justifications construites sont sources de malaises. Ces non-dits que l’on devine trop bien ne nous indiquent-ils pas qu’une personne soit honnête et qu’une autre semble cacher son jeu ?
Le malaise d’intention, comme je pourrais l’appeler, peut être illustré de mille manières et s’étend dans tous les domaines de la vie dont voici un tout petit exemple. Choisir n’importe quel quotidien et y trouver une nouvelle au sujet de quelqu’un condamné à quelque crime que ce soit. Lire l’article rédigé dans une impartialité relative par un journaliste. Reprendre cet article en lecture sur le site Internet dudit quotidien et se rendre à la section des commentaires publics pour découvrir — horreur ! — un spectacle de défoulements, long ruban de commentaires de dégoût et de haine ; projection des plus sombres désirs ou encore tentative d’évacuation des démons emprisonnés ? Ou encore occasion facile de se montrer vertueux en se plaçant en opposition avec le crime énoncé. Bien peu de personnes vont s’attarder aux sources profondes qui ont poussé le condamné à commettre son crime. Si elles le font, alors là ! C’est direction banc de l’accusé. Impossible de poser quelque doute, quelque réflexion sans être associé au criminel. Il faut effectuer un retranchement rapide et forcé du côté du « bien » sinon c’est le jugement par la ribambelle de justiciers improvisés.
Il est devenu pratiquement impossible de parler de sujets délicats ou tabous, d’affirmer un position controversée sans être lapidé sur la place publique. Je ne ressens pas l’expression du bien dans l’empressement à vociférer des condamnations et des insultes. Le bien est absent du quotidien devant toute la médisance dont on peut être témoin... ou l’objet. Je ne prétends surtout pas faire mieux que quiconque en la matière ! Je reste cependant très perplexe devant la difficulté — voire l’impossibilité — de me placer en position de vérité envers moi-même et les autres, vérité d’exprimer ma pensée telle qu’elle se présente à moi, surtout lorsque je sait quelles pourraient en être les manifestations et les conséquences de tous ces mécanismes de défense qui atteignent de plus en plus le niveau de l’agression.
Tous les non-dits qui flottent dans l’air sont lourds comme des nuages d’orage. Les mots s’émoussent et perdent leurs sens ou on leur prête des intentions. Nous glissons inexorablement sur la pente vers l’impossibilité de communiquer. Le « diviser pour mieux régner » atteint le niveau individuel. La dérive du langage et de la pensée devrait en faire frémir plusieurs. Et pourtant... Tant qu’on n’y pense pas, il n’y a pas raison de s’en inquiéter. Nous ne vivons que dans un monde de clarté, éblouis par les écrans scintillants. Tout récemment je participais à une très riche discussion philosophique où nous concluions, hélas, que le fait de penser était de plus en plus détesté : on lui oppose l’action comme valeur fondamentale... action sans réflexion, agir par automatismes. Actions visibles dans le monde du clair animées par les pulsions du monde obscur. Contradictions et tensions s’amplifient et se multiplient.
Ça craque de partout. Ça fuit. On tente de colmater de tous bords tous côtés. On angoisse. On augmente les mécanismes de défense. On laisse fuir inconsciemment les désirs d’autodestruction. La peur gagne les sommets décisionnels. Ils se convaincront de l’imminence du danger. Nous construisons des ennemis à l’image de nos incapacités. Nous provoquons le chaos puisque l’ordre dans lequel on vit ne nous procure plus aucun réconfort.
Il y a trente ans, je pouvais dire et créer des choses bien plus provocantes qu’aujourd’hui. Ça en offusquait bien quelques-uns, tout au plus quelques sensibilités égratignées au passage. Mais aujourd’hui la zone de liberté d’expression est devenue mince devant la horde de bien-pensants, devant l’instabilité des masses aux prises avec des malaises existentiels qu’elles se refusent de voir et de nommer : ce qui n’a pas de nom ne peut être traité, ce que l’on ne nomme pas n’existe pas. Des mécanismes de défense qui deviennent des machines d’attaque contre toute expression quelle que peu déviante des normes confortables. Alors que j’évoquais mon jeune aveuglement pareil à une fine couche de glace, je constate aujourd’hui que c’est l’espace créatif dans lequel j’évolue qui est mince.
Le plus triste n’est pas la difficulté de m’exprimer librement dans mes différents projets créatifs (à quoi sert de créer s’il faut tout cacher ?) mais plutôt de voir que les atteintes les plus graves à la liberté d’expression proviennent des gens et non des mesures de censure de l’appareil gouvernemental, par les lois qu’il promulgue et l’immense machine de surveillance globale ░ M.B.
The impulsive youth of mine was just a blind start, as it should. Blind because I was unable to gaze beyond the immediate perspective. An impetus that I summarized in a single, sharp phrase: "if by thirty I do not achieve success then my life will be a failure."
Today at the age of fifty the meaning of success as I once defined it now appears very vague, as were the first looks I had upon life. I was more impressed by shapes, movements, colors—anything glaring—than the depth and meaning of things. My perception of life was shallow and thin like ice is on water at the beginning of winter: too thin to withstand anything. And I drowned of ignorance.
Was it a matter of waiting thirty years before I could resurface? I was told that it was thirty years of gestation, protected by a heavy and impenetrable shell so as not to distract or agitate the delicate inner process. I do not know. Permanence of a mystery it is not worth the trouble to solve: beauty thrives in the shadow. It often comes to my mind that these years have been wasted. I constantly struggle against this feeling of uselessness and the sense of a wasted period, the impalpable present and a future that is too much of a burden to build. I was just carried away by the flow. I will eventually reach a peaceful shore, or, will I be drowned in some unforeseeable vortex? Every second, repeatedly, I find myself facing two options, constantly at crossroads. Bright side. Dark side.
I am repeating to myself "bright side, dark side." I constantly hear a dialogue, torn between two opposing forces. I do not seek balance: it is an art that is beyond me. The shimmering water under the glare of the sun covers the riverbed. The gently undulating surface hides tumultuous currents and monsters lurking where the light dares not to plunge.
Dark side. In everything I hear, in everything I read, there is a double dialogue. First, what is said to occupy the space and time, then, below, murmurs, unconscious, a common frame where everything connects and where there is this shared desire. A muffed desire of disaster. A call for a disaster, like a chance to escape the daily automation, an unspeakable desire for a great liberating adventure, one that would require us all to force abandon our problems, to flee, to fight without trying to overcome anything. Destroy the daily servitude of work, boring obligations of all kinds. Be clear and free from any possible consequence since everything will be lost. Embark on an adventure without being accountable to anyone. Freedom Terminal.
This desire is dark and inexplicable, a vertigo. We no longer know how to escape this synthetic life, the stifling belonging to a paradoxical system: what we think we can draw from it is good but, instead, as a revenge or simply the price to pay (who knows exactly?), it is poisoning us in return.
Bright side. We are all mutually buying the notion of being so good, so full of the best of intentions, so inclined to be highly virtuous. Theatrical decors, tidy storefronts. Choose a winning side at all costs, to showcase the finery of probity, set oneself in a position "to point the finger at," force the "other" to be the expression of evil. We learned to create automatic responses to meet the urges raised by the needs of belonging, esteem and achievement. To rise above the fray like this slow and quiet struggle of plants in a forest where each tries to find its little ray of light. But for us humans, this fight got accelerated and is very violent.
Bright and dark, despite myself. Whichever camp one chooses, there will always be both: the good and the bad, despite oneself, a matter of perspective: one’s own, and that of others. The set (imagine it as broad and inclusive as you can) requires these tensions between opposing forces so that movement and balance can emerge. We are not impartial, if we were we would be static and lifeless. We are not complete: we cannot embrace the wide range that extends from our brighter side to our darkest. We will never achieve, individually or collectively, the comforting ideals we have devised. What is bright is defined only because the dark prowls nearby.
Continuity. I try not to define myself with respect to this duality of good and evil. I prefer tacking from one to the other, aware of my inconstancy and the discomfort it may cause. I agree with the idea that some good action can at times cause harm, and conversely that from harm may result something good. Confess to claim of both good and evil, and present to everyone this vague position of mine, puts me in situations where I become irritating to others. Should I return to a conformism that draws its force from what is unsaid, repetitive marketing formulas and superficial assessments . . . and be deeply unhappy—or should I pursue my life freely evolving between opposing forces, remaining elusive, incomprehensible and isolated.
The question comes to me more often than I would care to. Relentless questioning that subtly allows me to make some slow progress, keeping in fact my reflection process in motion. I am unsure and as changing as the sky is in between seasons.
For a spelling issue, I consult the Internet. I can write with full confidence the phrase "do unto others what you would not do unto you," which is placed under the theme of ethics and reciprocity, a phrase found in many variations across ages and cultures. I give myself a simplified version and define it as “doing good in action,” an easy to follow guide to use before taking any action whatsoever. Yet its simplicity and obviousness do not allow the rule to be applied consistently. I even think on the contrary that it is avoided in most cases, with reference to these automated response constructs I mentioned earlier. And to justify the omission (and in that respect how many speeches and debates have I witnessed!), I think most of our decisions and actions take root from our deepest impulses which are poorly understood, and it is only afterwards that one devises theories and explanations to logically justify his or her actions. Yet, nobody is fooled. The gap between the impulses, intentions and justifications are sources of discomfort. These unspoken true intentions we can intuitively guess oh too well: don’t they tell us how much one is honest and another seems to hide something?
The awkwardness of intent, as I could name it, can be illustrated in a thousand ways and extends to all areas of life. For example: choose any newspaper and look for some news about a person condemned for a crime. Read the article usually written with relative impartiality by a journalist. Look for the same article on the newspaper’s website and scroll to the public comments section to discover—how horrifying!—A show where everyone takes it out on the condemned, a long ribbon of comments, disgust and hatred; projection of some darker desires or an attempt at evacuating imprisoned demons? Or an easy means to display virtue by standing, resolute against the crime. Very few people will consider the root sources that led the offender into committing the crime. If they do, they are automatically placed in the dock. No one is allowed to express any doubt without being pushed on the same side as the criminal. A quick, forced move is required to reposition oneself on the "good" side otherwise one must be ready to face the impassible ad hoc justice erected by improvised judges.
It has become virtually impossible to talk about sensitive or taboo subjects, to assert a controversial position without being stoned in public places. I do not feel comfortable holding a position to allow myself to shout insults and condemn. One can witness that “good” is absent most of the time when hurling insults or being the subject of malicious intent. I certainly do not pretend to be better than anyone else; however, I am very puzzled by the difficulty—if not the impossibility—to put myself in a position of truth towards myself and others, truth in expressing my thoughts as they are being constructed in my mind, especially when I know what could be the manifestations and consequences of all these defense mechanisms that reach more and more in intensity a level closer to aggression.
Anything that remains unsaid floats in the air like a menacing storm. Words are being dulled and lose their meanings or some hidden agendas are being attached to them. We slide inexorably down the slope towards the inability to communicate. The "divide and conquer" reached the individual level. Language and thought going adrift should worry most. And yet . . . as long as no one thinks about it, there is no reason to worry. We live in a shallow and bright world, bedazzled by the shimmering screens. Just recently I took part in a very intense philosophical discussion where we concluded, unfortunately, that the fact of reflection is becoming more and more repugnant: it is set as an opposite of action which is now perceived as a more virtuous value... action without much thought, automated action. Actions all made very visible and clearly categorized as intentions coming from the bright side but, in fact, led by impulses emerging from the dark side. Contradictions and tensions are amplified and multiplied.
Everything is falling apart. The ship is leaking: constant attempts to seal all cracks on all sides. Generalized anxiety. Defense mechanisms are being increased. Unconscious desires of self destruction are being nourished. Fear wins decision makers. They will convince themselves of the impending danger. We build enemies in the image of our disabilities. We cause chaos because the order in which we live does not comfort us anymore.
Thirty years ago, I felt I could say and create more thought provoking things than I think I can today. It offended a few of course, at most their sensitivity was lightly put to the test. But today the area of freedom of expression has shrunk before the horde of self-righteous, in tune with the instability of the masses struggling with existential awkwardness, one they refuse to see and name: that without a name cannot be treated, that without a name does not exist. Defense mechanisms have mutated into an onslaught system against any type of deviant expression denouncing any comforting standardization. I mentioned at the beginning that my impulsivity caused me inasmuch precariousness as standing on thin ice, I realize now that it is the creative space I evolve in that has become this narrow and fragile.
The sad part is not the difficulty to freely express myself through my various creative projects (is it creation if it must remain hidden?), but rather to see that the most restrictive forms of censorship do not come from governmental measures, the legal system or the monumental world-wide surveillance system but are enforced by ordinary people around me ░ M.B.
N. B.
Graphèmes et pictogrammes © Michel Belisle. Cliquer sur les miniatures pour les agrandir | Graphemes and pictograms © Michel Belisle. Click on thumbnails to enlarge them |
- 24 déc. | Dec. 24